La vie en communauté est impossible sans la production de certitudes qui permettent aux humains d’évoluer dans leurs environnements sans devoir, à chaque instant, réfléchir aux raisons profondes, à la légitimité ou aux conséquences de leurs pratiques. Les certitudes permettent l’anticipation, de la plus banale à la plus complexe : pouvoir acheter du pain dans une boulangerie (et non au guichet de la SNCF) sans devoir repenser toute l’histoire et toutes les étapes techniques qui ont permis l’existence du blé cultivé, le principe de la cuisson, l’argent comme moyen d’échange, les lieux spécifiques destinés à des activités particulières, etc.
Cette capacité à l’anticipation est indispensable à une vie « normale » en société. Nulle part les acteurs sociaux, qu’ils soient parmi les plus humbles ou parmi les dominants, Occidentaux ou membres de petites sociétés distantes, ne maîtrisent ni même ne saisissent l’ensemble des systèmes de représentation, des codes et des symboles, des normes et des valeurs sociales qui pourtant constituent les fondements de ces certitudes. Les humains les appliquent sans devoir les évaluer ou les juger, et le plus souvent sans même en être conscients.
Dès lors que nous acceptons l’idée selon laquelle la vie sociale ne peut exister sans un ensemble de certitudes, et que nous réalisons aussi que ces certitudes ne sont nullement neutres ni objectives mais historiquement et donc culturellement situées, nous devons en conclure que ces certitudes ne sont que des productions sociales. Pour preuve, d’autres sociétés dans d’autres lieux vivent selon d’autres certitudes qu’elles pensent pourtant tout autant « naturelles » et « rationnelles ». Les certitudes sont des conventions, des consensus, des régimes de vérité.
Alors, si la production de certitudes est une caractéristique fondamentale du social, où placer l’incertitude et comment analyser celle produite par la pandémie pour en anticiper les conséquences ?
La notion de « biorégionalisme » est formulée au cours des années 1970 par Peter Berg (1937-2011), fondateur avec Judith Goldhaft de la Planet Drum Foundation à San Francisco en 1973, et de Raymond Dasmann (1919-2002), biologiste et instigateur du Programme Biosphère de l’Unesco. Pour eux, les êtres humains appartiennent au monde vivant qui conditionne une biorégion, avec sa géographie, son climat, son bassin hydrographique, ses temporalités, etc. Ce sont les habitants qui sont les mieux placés pour délimiter leur biorégion en tenant compte à la fois de la diversité biologique et des conditions environnementales. Aucune biorégion ne ressemble à une autre. Sa délimitation se reconfigure suite aux interactions entre ses éléments constitutifs. Nous pouvons dire qu’une biorégion résulte à la fois des écosystèmes entremêlés les uns aux autres et des imaginaires des habitants. En cela, la biorégion est le produit des « sciences naturelles » et de la culture des humains.
Ne croyez pas – sous prétexte que vous avez réglé leur compte aux dieux, avec ou sans linceul de pourpre, en quatre coups de cuiller à pot, et mis l’univers en bouteille, et parce que vous vous faites fort d’exorciser toute chose en l’appelant par son nom, comme on sonne un domestique, et de regarder le soleil bien en face quand ça vous chante – ne croyez pas que c’en est fait pour autant de l’Ombre inexorable qui vous hante et vous guide à chaque pas, lors même qu’elle semble vous suivre comme un chien. Voici l’éternelle Astrologie, à quoi beaucoup de sagesse vous ramène – si un peu de science vous en éloigne. Ainsi soit-il !
Léon-Paul fargue
[…] ou aller vers les gens, tenter de trouver les clés pour ouvrir les portes et les fenêtres qui donnent sur la joie de vivre, d’exister. Le rôle d’un artiste, pour moi, c’est d’ensoleiller la vie, de la montrer sous un jour qui donne du courage. Les chanteurs, les poètes, sont les amis des gens. Si l’on oublie ça, on a pas le droit d’être un artiste…
Jacques Higelin
Le vrai défi pour nous n’est plus d’aller toujours plus loin, mais, ici, maintenant, de réapprendre à habiter et à aimer notre monde et nos propres corps.
F. X. Bellamy Time to philo
« La plénitude culturelle ne peut que rendre un peuple plus apte à contribuer au progrès général de l’humanité et à se rapprocher des autres peuples en connaissance de cause (9). »
Cheikh Anta Diop – Antériorité des civilisations nègres : mythe ou vérité historique ? Présence africaine, Paris 1967.
« On est toujours plusieurs avant de pouvoir s’offrir le luxe de devenir un »
Alain Guyard – Telerama 3485 – Les états généreux de la culture